Voilà. Mai le mois des ponts. Le temps de glandouiller dans l'herbe avec sa dame au soleil. On prend le temps de vivre, de souffler. On prend le temps d'écrire aussi. Et voici un bout de résultat ouvert à vos critiques...
" C'est toujours la même chose. On cherche le filon. On le trouve et là un énième loup vient perturber la lente cadence de votre pioche"
Il n'avait rien trouvé de mieux à dire. Chercher à détendre l'atmosphère. Pas facile en vérité car bien que réputé pour la qualité de ses fournitures, Ankaz Poilacier n'avait pas le sourire facile. Ce vieux prospecteur gardait malgré les années ce visage austère et ses épaules si carrées du haut de son mètre vingt. Des vagues de rides bordaient ses yeux assombris par le temps, petits fragment d'onyx d'où peu de lumière ne semblait rayonner. En silence, il parcourut de ce regard sa boutique poussièreuse à la recherche du bonheur de son jeune client. Cela d'ailleurs l'amusait beaucoup de voir à quel point il pouvait par son simple mutisme inspirer un respect à la limite de la peur chez ces "barbes courtes". A son age, il ne lui restait plus que cela pour distraire sa paisible retraite de commerçant..
*******************************************************
" Comment ça s'est passé?"
Mithrilla était inquiète. Voilà bien deux heures que son époux était parti chercher une énième pioche à Hurlevent.
" Tu en as mis du temps! C'était quoi cette fois? Une grève des gnomes au tram'? Une liche à exorciser?"
Roussbarb savait à quoi s'attendre avec son épouse. De nature soucieuse, elle avait démélé puis retressé sa chevelure brunâtre une bonne vingtaine de fois depuis son départ. Et à la vue de ses boucles enchevétrées dans un désordre peu commun, il était heureux de porter de la plaque à ce moment là. Sous son épaisse barbe orange, il parvint à peine à lui expliquer qu'il avait oublié sa pierre de foyer.
Silence absolu dans le salon. Mithrilla dévisagea son époux devant si peu de prévenance.
-" Et les griffons? C'est fait pour les troggs?"
-" Mais mon petit thorium, je ne..."
-" A plus de je!!!" trancha t'elle aussi sec.
S'ensuivit une longue discussion houleuse. Un panorama des torts et travers de chacun... Les trop nombreux "temps de prière" entre amis paladins, leur emménagement à Forgefer pour qu'elle puisse voir sa mère, les frasques monétaires de Mithrilla à l'hôtel des ventes et le gout trop prononcé de son mari pour la nouvelle "Thunderbrew millésimé".
Un calme précaire finit toutefois par revenir quand d'un commun accord ils oublièrent cette brouille.
-" Tu as reçu cela."
Ses doigts potelés tenaient une lettre. Une lettre frappée du sceau de la main d'argent.
-" Je ne l'ai pas ouverte mais vu d'où elle vient je doute que tu restes dîner avec moi" soupira t'elle, à peine agacée. Il lui retira la missive froissée par l'exaspération de sa femme et plongea ses yeux dans le peu de mots étalés sur une page jaunie.
..."Wow pas cher. 1200po en 30min sur wo.."
-" C'est qu ce b...?"
Mithrilla sourit de sa plaisanterie tout en lui tenant un autre message, plus authentique espérait'il.
..."Camp du Noroit. Deman 16h. Viens seul" Inquisiteur Gardefoi"...
-" C'est le boulot"
-" Je sais"
-" Je dois partir"
-" Je sais aussi"
-" Tu ne m'en veux pas"
-" Pas encore.."
Il prit dans la précipitation quelques composants, un gigot de tabulk et une outre d'eau draénique puis déposa un baiser sur le front de sa femme avant de refermer derrière lui l'imposante porte d'entrée de leur demeure. Elle claqua si fort qu'il n'entendit pas l'avertissment de Mithrilla:
" SI TU NE REVIENS PAS DE SUITE CHERCHER TA PIERRE DE FOYER..."
*************************************************************
Trois heures que cette pluie ne le lachait pas. Le griffon fendait depuis Menethil des averses denses au grand désarroi de son passager. Et bien qu'il était encore loin de rouiller, toutes ces gouttes le mettaient en rogne l'empêchant de se concentrer sur ce mystérieux rendez vous.
Pourquoi? Pourquoi lui? Pourquoi là? Pourquoi moi?
Il avait rencontré le vénérable inquisiteur Gardefoi des années avant, à la fondation Uther. Loin d'être son mentor, ce vétéran de la lumière était un virulent opposant à l'intégration des nains dans l'ordre de la main d'argent. Il avait milité et usé de son aura auprès des hautes instances paladines pour exclure les peuples de Khaz modan de leurs rangs. Sans succès.
Et aujourd'hui, cette inquisiteur exigeait sa présence.
Roussbarb ne savait pas quoi en penser.
De récentes rumeurs avaient circulées sur Gardefoi et une éventuelle laison avec les fanatiques de la croisade écarlate mais le jeune nain n'en tenait pas rigeur. Cet homme avait beau afficher son mépris pour certains de ses "petits confrères", il n'en restait pas moins un soldat de la lumière avant tout.
" De toute façon, je serai bientôt fixé" se dit il alors que le griffon entamait un dernier virage. Le paladin fixait l'horizon d'où semblait luire la pale flamme d'un feu de camp, maigre lumière enchassée entre de sombres montagnes.
Le griffon se cabra d'un coup, hurlant d'un cri strident. Son aile gauche était complètement givrée. Un vulgaire bloc de glace brut luttant contre la gravité. L'animal se débattait dans les airs, fou de douleur. Le froid mordait cruellement son plumage soyeux. Panique. Roussbarb sentit le vide l'attirer sous ses pieds lorsque sa monture l'éjecta en une brusque ruade. La vallée se rapprochait à grande vitesse. Chute vertigineuse. Le paladin pria tant bien que mal la lumière de le sauver. Les arbres, les buissons..le sol prenaient très rapidement forme. La terre d'Azeroth venait à sa rencontre pour un dernier aurevoir....Mais les dieux entendirent la supplique du condamné et ne le laissèrent pas à son funeste destin. Le paladin "s'écrasa" sans encombre au milieu d'un plaine verdoyante, suivi de près par son griffon qui n'eut pas cette chance.. "Un début de réponse au pourquoi moi?" songea t'il. Une aile ne givre par hasard...
*************************************************************
"Je ne sais pas quelle genre de gangr'herbe vous tassez au fond de votre pipe maître nain..."
Cette voix brulante d'ironie lui claqua aux oreilles.
"...mais la bienséance aurait voulu un simple remerciement pour prétendre rester une de vos qualités."
Gardefoi extirpa sa lame d'un tas d'ossements calcinés. Cet acolyte impie venait de retrouver la lumière sous le courroux du vieil inquisiteur. Confus devant sa méprise, Roussbarb peina à lancer un fragile merci sous cette brume glaciale. Et puis, ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre pareil vétéran. La chevelure argentée de ce vieux paladin recouvrait jusqu'à ses lourdes spallières gravées d'innombrables batailles. Malgré les coups, les sorts et les outrages du temps: son armure scintillait d'un éclat pur. D'antiques récompenses ornaient le fourreau de sa titanesque épée qui, pétrie de lumière, semblait raconter une vie de vindicte fort bien remplie. La main d'argent, elle, flottait au vent contre son torse. Etalée sur la blancheur immaculée d'un tabard en soie de Teldrassil.
-" Dans l'hypothèse où vous auriez fini de me toiser, nous pourrions reprendre la route, nain."
-" Le temps de ramasser mes quelques affaires et je serais à vous, frère."
L'inquisiteur tiqua à ce mot...Frère...En silence, il grogna contre ces c.. de bénitiers qui, dans un soucis d'impartialité, lui avait collé ce "frère" à la cuirasse. Par la lumière, que ce voyage allait être...
...long...
...oui il le serait. D'autant plus que sa gourde n'avait pas résisté à la chute du griffon et le houblon avait déja fini de se répandre alors oui, entre un humain aigri et sa gorge assoifée, que cela allait être long...
*******************************************************
Roussbarb avait cessé depuis un bon quart d'heure de poser la question. Il savait maintenant...Où?... Il l'avait enfin de compte rapidement compris malgré le mutisme de son compagnon. Les deux paladins chevauchaient à grande vitesse, évitant soigneusement les innombrables cryptes et autes cimetières de la région à purifier car ce n'était pas du tout l'ordre du jour.
-" Vous pourriez au moins être un poil plus locace sur le pourquoi?, frère inquisiteur"
Gardefoi braqua ses rennes en arrière, stoppant net la course de son destrier. Du cheval ou de son maître, le jeune paladin n'aurait su dire lequel piaffait le plus d'impatience.
-" Encore une seule question maître nain et je vous fait affecter dès demain à l'archivage des librams de notre saint ordre."
Il était hélas de notoriété publique que la section archive du monastère central présentait bien peu d'attrait pour tout paladin de terrain qui se respecte.
-" Mais rassurez vous, continua t'il d'un ton plus apaisé, vous comprendrez dans quelques instants notre présence.."
Comme l'exigeait d'ailleurs leur réglement, ils mirent pied à terre deux minutes plus tard car seuls les serviteurs de la lumière pouvaient fouler le saint tombeau d'Uther.
" C'est toujours la même chose. On cherche le filon. On le trouve et là un énième loup vient perturber la lente cadence de votre pioche"
Il n'avait rien trouvé de mieux à dire. Chercher à détendre l'atmosphère. Pas facile en vérité car bien que réputé pour la qualité de ses fournitures, Ankaz Poilacier n'avait pas le sourire facile. Ce vieux prospecteur gardait malgré les années ce visage austère et ses épaules si carrées du haut de son mètre vingt. Des vagues de rides bordaient ses yeux assombris par le temps, petits fragment d'onyx d'où peu de lumière ne semblait rayonner. En silence, il parcourut de ce regard sa boutique poussièreuse à la recherche du bonheur de son jeune client. Cela d'ailleurs l'amusait beaucoup de voir à quel point il pouvait par son simple mutisme inspirer un respect à la limite de la peur chez ces "barbes courtes". A son age, il ne lui restait plus que cela pour distraire sa paisible retraite de commerçant..
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" Comment ça s'est passé?"
Mithrilla était inquiète. Voilà bien deux heures que son époux était parti chercher une énième pioche à Hurlevent.
" Tu en as mis du temps! C'était quoi cette fois? Une grève des gnomes au tram'? Une liche à exorciser?"
Roussbarb savait à quoi s'attendre avec son épouse. De nature soucieuse, elle avait démélé puis retressé sa chevelure brunâtre une bonne vingtaine de fois depuis son départ. Et à la vue de ses boucles enchevétrées dans un désordre peu commun, il était heureux de porter de la plaque à ce moment là. Sous son épaisse barbe orange, il parvint à peine à lui expliquer qu'il avait oublié sa pierre de foyer.
Silence absolu dans le salon. Mithrilla dévisagea son époux devant si peu de prévenance.
-" Et les griffons? C'est fait pour les troggs?"
-" Mais mon petit thorium, je ne..."
-" A plus de je!!!" trancha t'elle aussi sec.
S'ensuivit une longue discussion houleuse. Un panorama des torts et travers de chacun... Les trop nombreux "temps de prière" entre amis paladins, leur emménagement à Forgefer pour qu'elle puisse voir sa mère, les frasques monétaires de Mithrilla à l'hôtel des ventes et le gout trop prononcé de son mari pour la nouvelle "Thunderbrew millésimé".
Un calme précaire finit toutefois par revenir quand d'un commun accord ils oublièrent cette brouille.
-" Tu as reçu cela."
Ses doigts potelés tenaient une lettre. Une lettre frappée du sceau de la main d'argent.
-" Je ne l'ai pas ouverte mais vu d'où elle vient je doute que tu restes dîner avec moi" soupira t'elle, à peine agacée. Il lui retira la missive froissée par l'exaspération de sa femme et plongea ses yeux dans le peu de mots étalés sur une page jaunie.
..."Wow pas cher. 1200po en 30min sur wo.."
-" C'est qu ce b...?"
Mithrilla sourit de sa plaisanterie tout en lui tenant un autre message, plus authentique espérait'il.
..."Camp du Noroit. Deman 16h. Viens seul" Inquisiteur Gardefoi"...
-" C'est le boulot"
-" Je sais"
-" Je dois partir"
-" Je sais aussi"
-" Tu ne m'en veux pas"
-" Pas encore.."
Il prit dans la précipitation quelques composants, un gigot de tabulk et une outre d'eau draénique puis déposa un baiser sur le front de sa femme avant de refermer derrière lui l'imposante porte d'entrée de leur demeure. Elle claqua si fort qu'il n'entendit pas l'avertissment de Mithrilla:
" SI TU NE REVIENS PAS DE SUITE CHERCHER TA PIERRE DE FOYER..."
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Trois heures que cette pluie ne le lachait pas. Le griffon fendait depuis Menethil des averses denses au grand désarroi de son passager. Et bien qu'il était encore loin de rouiller, toutes ces gouttes le mettaient en rogne l'empêchant de se concentrer sur ce mystérieux rendez vous.
Pourquoi? Pourquoi lui? Pourquoi là? Pourquoi moi?
Il avait rencontré le vénérable inquisiteur Gardefoi des années avant, à la fondation Uther. Loin d'être son mentor, ce vétéran de la lumière était un virulent opposant à l'intégration des nains dans l'ordre de la main d'argent. Il avait milité et usé de son aura auprès des hautes instances paladines pour exclure les peuples de Khaz modan de leurs rangs. Sans succès.
Et aujourd'hui, cette inquisiteur exigeait sa présence.
Roussbarb ne savait pas quoi en penser.
De récentes rumeurs avaient circulées sur Gardefoi et une éventuelle laison avec les fanatiques de la croisade écarlate mais le jeune nain n'en tenait pas rigeur. Cet homme avait beau afficher son mépris pour certains de ses "petits confrères", il n'en restait pas moins un soldat de la lumière avant tout.
" De toute façon, je serai bientôt fixé" se dit il alors que le griffon entamait un dernier virage. Le paladin fixait l'horizon d'où semblait luire la pale flamme d'un feu de camp, maigre lumière enchassée entre de sombres montagnes.
Le griffon se cabra d'un coup, hurlant d'un cri strident. Son aile gauche était complètement givrée. Un vulgaire bloc de glace brut luttant contre la gravité. L'animal se débattait dans les airs, fou de douleur. Le froid mordait cruellement son plumage soyeux. Panique. Roussbarb sentit le vide l'attirer sous ses pieds lorsque sa monture l'éjecta en une brusque ruade. La vallée se rapprochait à grande vitesse. Chute vertigineuse. Le paladin pria tant bien que mal la lumière de le sauver. Les arbres, les buissons..le sol prenaient très rapidement forme. La terre d'Azeroth venait à sa rencontre pour un dernier aurevoir....Mais les dieux entendirent la supplique du condamné et ne le laissèrent pas à son funeste destin. Le paladin "s'écrasa" sans encombre au milieu d'un plaine verdoyante, suivi de près par son griffon qui n'eut pas cette chance.. "Un début de réponse au pourquoi moi?" songea t'il. Une aile ne givre par hasard...
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"Je ne sais pas quelle genre de gangr'herbe vous tassez au fond de votre pipe maître nain..."
Cette voix brulante d'ironie lui claqua aux oreilles.
"...mais la bienséance aurait voulu un simple remerciement pour prétendre rester une de vos qualités."
Gardefoi extirpa sa lame d'un tas d'ossements calcinés. Cet acolyte impie venait de retrouver la lumière sous le courroux du vieil inquisiteur. Confus devant sa méprise, Roussbarb peina à lancer un fragile merci sous cette brume glaciale. Et puis, ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre pareil vétéran. La chevelure argentée de ce vieux paladin recouvrait jusqu'à ses lourdes spallières gravées d'innombrables batailles. Malgré les coups, les sorts et les outrages du temps: son armure scintillait d'un éclat pur. D'antiques récompenses ornaient le fourreau de sa titanesque épée qui, pétrie de lumière, semblait raconter une vie de vindicte fort bien remplie. La main d'argent, elle, flottait au vent contre son torse. Etalée sur la blancheur immaculée d'un tabard en soie de Teldrassil.
-" Dans l'hypothèse où vous auriez fini de me toiser, nous pourrions reprendre la route, nain."
-" Le temps de ramasser mes quelques affaires et je serais à vous, frère."
L'inquisiteur tiqua à ce mot...Frère...En silence, il grogna contre ces c.. de bénitiers qui, dans un soucis d'impartialité, lui avait collé ce "frère" à la cuirasse. Par la lumière, que ce voyage allait être...
...long...
...oui il le serait. D'autant plus que sa gourde n'avait pas résisté à la chute du griffon et le houblon avait déja fini de se répandre alors oui, entre un humain aigri et sa gorge assoifée, que cela allait être long...
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Roussbarb avait cessé depuis un bon quart d'heure de poser la question. Il savait maintenant...Où?... Il l'avait enfin de compte rapidement compris malgré le mutisme de son compagnon. Les deux paladins chevauchaient à grande vitesse, évitant soigneusement les innombrables cryptes et autes cimetières de la région à purifier car ce n'était pas du tout l'ordre du jour.
-" Vous pourriez au moins être un poil plus locace sur le pourquoi?, frère inquisiteur"
Gardefoi braqua ses rennes en arrière, stoppant net la course de son destrier. Du cheval ou de son maître, le jeune paladin n'aurait su dire lequel piaffait le plus d'impatience.
-" Encore une seule question maître nain et je vous fait affecter dès demain à l'archivage des librams de notre saint ordre."
Il était hélas de notoriété publique que la section archive du monastère central présentait bien peu d'attrait pour tout paladin de terrain qui se respecte.
-" Mais rassurez vous, continua t'il d'un ton plus apaisé, vous comprendrez dans quelques instants notre présence.."
Comme l'exigeait d'ailleurs leur réglement, ils mirent pied à terre deux minutes plus tard car seuls les serviteurs de la lumière pouvaient fouler le saint tombeau d'Uther.
(bien écrit en tout cas chapeau l'artiste 
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